Chers amis,
Voilà 12 jours que je suis arrivée au Vietnam. 12 jours si remplis, si variés, que j’en perds la notion du temps: j’ai l’impression d’y vivre depuis un mois déjà.
Saigon est une ville merveilleuse que je me réjouis d’habiter. Mais elle est bien complexe à raconter, et je ne parviens pas à trouver un angle d’attaque pour le moment. Qu’à cela ne tienne ! Je m’en suis échappée le temps d’un weekend avec une amie, Alexandra, pour une balade dans le Delta du Mékong, dont voici quelques extraits.
Suite à la lecture assidue du Routard pendant une pause déjeuner samedi, nous décidons de partir l’après-midi-même à Can Tho, la cinquième ville du Vietnam, réputée pour ses marchés flottants et ses balades sur la rivière du Mékong. Première épreuve: trouver un bus ! La gare routière de Ho Chi Minh est grande, et les vendeurs de billets sont… harcelants. Nous avons l’impression d’être des dindes à dollars qu’il faut appâter à tout prix. Voyant du monde autour d’une compagnie, nous décidons de la choisir pour notre voyage. Bingo ! Futa Lines propose des bus neufs et climatisés avec bouteilles d’eau, inimaginables…
Après 4 heures de bus, nous débarquons à Can Tho à la tombée du jour. La ville fourmille et semble en fête: nous ne le savions pas, mais l’on célèbre ce soir la fête de la Pleine Lune ! Un grand marché nocturne entouré de lampions anime le centre, et la rivière se couvre de bougies déposées par les riverains et les bateaux. Nous dégustons de délicieuses brochettes de foie (mais foie de quoi? Je ne le sais toujours pas…!) et de poulet pimenté dans un parc bordant le Mékong, ainsi qu’un smoothie à l’avocat digne de ce nom. Comme la cuisine vietnamienne peut me plaire !

Après quelques verres et une balade le long de la ville, nous rentrons dans notre petit hôtel trouvé au fil des négociations, car la nuit s’annonce courte: nous sommes attendues à 5h30 pour la visite en bateau des marchés flottants et du jardin aux fruits.
À l’orée du jour, l’air semblerait presque frais: c’est la première fois depuis mon arrivée que j’ose enfiler un petit gilet… que je retire dès 8h du matin, tant la chaleur arrive vite ici. La balade dure 6 heures et nous avons le bateau pour nous seules: la matinée s’annonce belle !



Vers 7h, nous arrivons au marché flottant de Cai Rang, le plus grand autour de Can Tho: l’affluence de bateau est assez importante, et l’on remarque plusieurs bateaux de touristes à nos côtés. Nous y restons un bon quart d’heure, circulant entre les barques avec un bon café glacé, puis nous repartons sur le Mékong.

Nous arrivons ensuite au marché de Phong Dien, plus artisanal, plus local, sans trop de touristes: authentique scène du quotidien… Des enfants accompagnent leur parents pour vendre fruits, légumes ou babioles, l’on s’interpèle joyeusement entre barques, les nón (fameux chapeaux coniques asiatiques) s’entremêlent. Un tel dépaysement, une telle beauté sont déconcertants. Notre guide nous offre un fruit du dragon, et nous repartons, souriantes et surprises par notre matinée.



L’on s’enfonce à présent dans les petits bras du Mékong, bordés d’habitations bien précaires, de vieilles barques et d’une végétation proche de la jungle. Les femmes lessivent leur linge dans la rivière, les seuls déchets sont les noix de cocos et les branches cassées, le bruit du moteur est le seul à rompre le silence.

Ledit moteur se tait enfin, et le silence assourdissant envahit l’air: tout est si apaisant! Nous nous arrêtons au jardin aux fruits, pour une collation appétissante dans les transats, et une visite des arbres fruitiers. Nous repartons, repues et émerveillées, vers la ville. L’on goûte même au luxe d’une petite sieste dans le bateau les dernières minutes, bercées par les eaux d’huile du Mékong.
Petit adage local: « Cần Thơ gạo trắng nước trong Ai đi tới đó lòng không muốn về » (Can Tho a un riz blanc et une eau pure; de celui qui y vient, le coeur y restera pour toujours)
À peine débarquées, nous prenons un bus direction Soc Trang, plus au sud du Delta. La ville est réputée pour son aspect religieux -elle compte 50 pagodes dans ses murs, et 200 dans sa province- et sa diversité ethnique: bien que les KinH y soient majoritaires, d’importantes communautés chinoise et khmer s’y sont établies.
Trois choses me frappent à Soc Trang. La première est l’absence totale de touriste « blanc » autre que moi. Alexandra étant d’origine vietnamienne, je suis littéralement dévisagée à moi seule: les enfants s’arrêtent, sourient et me tendent les mains, ou sont interloqués. Les occupants des cafés me suivent du regard… L’on est loin de Can Tho et de son tourisme ambiant. La ville a donc un aspect bien plus authentique et intime, l’on s’immerge totalement dans une vie de quartier, de marchés. Prendre des photos y est bien plus gênant, comme si l’on s’immisçait dans une petite vie bien rodée.
Un autre aspect marquant de la ville est l’empreinte du Parti. Non, les drapeaux n’y sont pas alignés à chaque coin de rue et nous ne croisons pas de défilés militaires; mais venant de Saigon et Can Tho, grandes villes, le contraste est notable. Les bâtiments du Parti y sont nombreux et immenses, l’on aperçoit une exposition de chars dans l’un d’eux, les statuts communistes accueillent l’habitant sur les ronds-points de la ville… Ambiance.

Enfin, l’on est immédiatement saisi par la piété de la ville. Les pagodes se mêlent aux marchés et aux bicoques remplies d’offrandes à acheter et d’encens à brûler. Nous visitons quelques pagodes dans la ville, et un bonze nous offre même le thé dans l’une d’elle. Si certaines pagodes ne méritent pas le détour, deux d’entre elles captent notre attention.
La pagode d’Or est située en plein coeur de la ville; comme son surnom le laisse entendre, elle est (presque) dorée de la tête aux pieds.



La pagode Do’i, en périphérie du centre, est également superbe, et se distingue de sa consoeur par sa population. En effet, la Do’i est aussi surnommée la pagode aux chauves-souris, car ces dernières vivent en très grand nombre dans les arbres des jardins et peuvent atteindre une envergure d’un mètre cinquante. Nous sommes restées jusqu’au coucher du soleil pour les apercevoir… Batman au Vietnam ! Il s’agit d’ailleurs de la spécialité culinaire de la ville… Je n’ai pas eu l’occasion de tester, et je ne le regrette pas ! La pagode abrite également de magnifiques et gras cochons à cinq doigts (au lieu de quatre). En effet, ces cochons avec un doigt supplémentaire portent malheur au Vietnam et sont souvent abandonnés par leurs propriétaires. Les moines bouddhistes de la pagode Do’i les recueillent donc: ils se baladent ainsi joyeusement entre deux pèlerins et trois pagodes. Mieux encore: à leur mort, les cochons ont une sépulture peinte dans l’enceinte du monastère…




Nous sommes reparties le lendemain matin, après un bon barbecue dans un petit restaurant de la ville (sans chauves-souris dans l’assiette, ouf). Malheureusement, nous n’avons pas retrouvé les beaux bus climatisés et avons profité du « confort » de 2 antiques minibus. Alors que le premier chauffeur avait la main greffée sur le klaxon, le second effectuait des marches arrières sur l’autoroute pour récupérer de potentiels voyageurs… Et les suspensions des minibus avaient dû disparaitre depuis la fin des années 1990. Quel soulagement nos dos ont ressenti à notre arrivée !
Voici donc le récit de ma première escapade hors de Ho Chi Minh. Je pense repartir d’ici peu, peut-être à Mui Ne, paradis de sable blanc… Si la mousson nous le permet, car la pluie est assez récurrente depuis 3 jours. Si cette dernière continue de tomber, je m’attaquerai (enfin) à l’écriture de mes premières impressions de Saigon.
À très bientôt sur Pastabobun !
Bonjour, je suis actuellement a soc trang et je voudrai me rendre a can tho, vous dites dans l’article que vous avez pris deux minibus, pouvez-vous m’en dire plus svp.
(D’apres mes recherches il faut prendre un bus de soc trang pour gna bay, et de gna bay rejoindre can tho, mais j’ai du mal a savoir quel bus? D’ou il part? Pas grand monde parle anglais)
J'aimeJ'aime
Bonjour Sébastien,
La gare routière où se trouvent les minibus est à l’entrée de la ville, sur la grande avenue « Hùng Vương » dans mes souvenirs. Depuis le centre, comptez une 20-30min à pied. Pour demander votre chemin ou l’indiquer à un taxi, montrez le mot « bus » (« xe buýt »), cela devrait vous être utile.
Vous trouverez à la gare routière beaucoup de minibus direct pour Can Tho. Leur confort est cependant à relativiser.
Un peu plus loin sur cette route se trouve la station de bus FutaLines: vous y trouverez également des bus directs pour Can Tho, le confort en plus. Mais pour y accéder, c’est plus éloigné du centre !
Bon séjour dans le Delta du Mékong !
J'aimeJ'aime
Belles images ! J’ai habité pendant 2 ans et 1/2 à Sadec et Cao Lanh… et ai adoré cette région aux richesses méconnues (et oui, il n’y a pas que les marchés flottants)
J'aimeJ'aime
Merci !
Région superbe en effet…
J'aimeJ'aime